Lundi 9 juin, le réalisateur Patrice Leconte était invité dans l'émission Culture Médiasd'Europe 1 pour faire la promotion de son roman La tentation du lac (éditions Arthaud), dont une partie de l'action se déroule à Aix-les-Bains, en Savoie. L'occasion de revenir un peu sur sa carrière prolifique de cinéaste et d'évoquer aussi sa relation avec l'acteur Michel Blanc, qui nous a quittés en octobre dernier.
«On n'était pas intimes»
«On était très proches quand on se retrouvait pour faire du cinéma, mais on n'était pas intimes, raconte le metteur en scène et scénariste des Bronzés, de Tandem ou encore de Viens chez moi, j'habite chez une copine. Il était assez secret et disait de moi que j'étais très secret, alors que j'ai toujours eu l'impression d'être de plain-pied avec le reste du monde...»
Ensemble, les deux hommes ontcollaboré à sept reprises, notamment pourLes grands ducs, en partie tourné en Isère (Bourgoin-Jallieu et Vienne) et dans la Drôme (Valence). Sorti dans les salles en 1996, le film réunit Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle et Jean Rochefort dans la peau de trois comédiens has been engagés dans Scoubidou, une médiocre comédie de boulevard. Michel Blanc y joue le rôle de Shapiron, un producteur escroc qui essaye de tout mettre en œuvre pour faire du spectacle un fiasco dans l'espoir de toucher l'assurance.
«Je ne sais pas ce qu'il avait»
Cette comédie devenue culte n'a cependant pas étéune partie de plaisir ni pour le cinéaste ni pour l'inoubliable interprète de Jean-Claude Dusse. «C'est curieux d'évoquer Michel Blanc en évoquant un souvenir pas satisfaisant, a répondu Patrice Leconte lorsqu'il était interrogé sur le comportement de l'acteur césarisé pour L'exercice de l'État. Je ne sais pas ce qu'il avait, il ne devait pas être dans son assiette pendant le tournage. Il est parfait dans le film et il n'y a que le résultat qui compte, donc le reste on s'en fout. Mais il n'était pas aussi sympathique que ce que je connaissais de lui, ilpouvait être odieux...»
Patrice Leconte n'était d'ailleurs pas le seul à s'en être rendu compte. «Même les trois ténors - Marielle, Rochefort et Noiret - me demandaient: 'Qu'est-ce qu'il a, Michel? Pourquoi il est comme ça ?' Je ne sais pas, il était peut-être dans une mauvaise passe...»
De son côté, Michel Blanc s'était livré surson expérience du tournage des Grands ducs dans Michel Blanc, sur un malentendu(éditions Hors collection),sa biographie officielle publiée en 2017 etécrite par Alexandre Raveleau: «Patrice m’a demandé de faire le film parce que les télés voulaient un acteur de la génération d’en dessous pour contrebalancer le trio de vedettes. Cette comédie n’était pas honteuse à faire, mais j’ai eu l’impression que Patrice voulait aller très vite sur le tournage, comme s’il voulait s’en débarrasser. Et moi, ça m’agaçait. Nous nous sommes engueulés une fois. Ce n’était jamais arrivé et cela m’a refroidi. Après, je suis devenu totalement indifférent. Je me suis éloigné de lui.»
Faut-il faire un lien entre cette mauvaise expérience et le fait que Michel Blanc ait totalement déserté les plateaux de tournage pendant de nombreuses années, avant de revenir en 2002 avec sonEmbrassez qui vous voudrez ?En tout cas, il retravaillera une dernière fois avec Patrice Leconte pour Les bronzés 3, sorti en 2006.
